Enfermés à double tour,
Se couper de tout et de tous,
Oublier qui l’on est,
Se laisser annihiler par une belle couche de mièvrerie.
Devenir dépendant, obsédé par l’être aimé.
Perfusé 24h sur 24 : drogué !
Remplacer tous les JE par des ON.
Devenir la moitié de quelqu’un. Fusion.
Donc par conséquent n’être plus que la moitié de soi-même!
Perversité d'un doux état anti-libertaire...
« Tous les mots que vous pourrez dire pourront se retourner contre vous ». Ha bon ? Mais les mots qui sortent de ma bouche sont mes amis, pourquoi ils se retourneraient ? Si je les ai lâchés c’est pour qu’ils partent, pas pour qu’ils se retournent ! Et contre moi en plus ? Aïe, ça fait peur, j’en ai tellement dit que s’ils reviennent tous d’un coup, ils vont m’écrabouiller !
Et puis ça se retourne des mots ? Ca se retourne vraiment ? Comme un habit ? Y a un endroit et un envers à un mot ? C’est quoi l’envers des mots ?
J’en étais là dans mes délires quand tout à coup : PAC ! Oui ça a fait PAC, pas plus spectaculaire que ça : même pas PAF et encore moins BOUM, juste un PAC pitoyable suivi de tremblements de roseaux et de battements d’ailes. J’ai pensé au Léon de Besson et son silencieux qui fait TFUT et l’autre il fait PAC : ho le naze ! Mon absurde réflexion intérieure a laissé place à un chapelet d’insultes, j’ai toujours aimé dire des grossièretés, ça me fait rire, ça m’aère la tête : je sais pas ce qu’il y a derrière tous les mots mais derrière les gros mots y a des ventilateurs… J’adore dire des grossièretés : surtout dans mon dedans (comme ça, ça sort pas, ça fait rire que moi et puis ça peut pas se retourner contre moi au moins! Ca s’appelle de la lâcheté ça Madame. Oui ben, je t’emmerde… Aïe merde, ça commence à sortir !). J’aime bien insulter les chasseurs qui font PAC, ben forcément qu’est ce que tu veux faire d’autre ? Discuter avec les chasseurs ça n’existe pas.
Bon hé ben je sais toujours pas ce que c’est l’envers des mots moi !
Mais si, je le sais : bien sûr ! Evidemment : le silence. Toujours lui… Le silence. Il me poursuit. Je deviens parano, ça fait peur ! Donc silence.
J’ai retrouvé ma règle. Ca faisait des années que je l’avais perdue. C’est con une règle mais c'est pratique pour tirer des traits ! Ca tire des traits droits en plus, pas des traits qui ressemblent à des chemins tordus où tu peux te faufiler l’air de rien... Non, des traits bien droits comme des murs. Des murs infranchissables, comme des murs. Y a plus qu’à la poser là et tirer un trait. Ya plus qu’à… C’est simple ! Allez hop !
Mon fils à 15 ans aujourd’hui... Pile le jour où je retrouve ma règle! C’est la fête ce soir ! J’ai envie de lui sourire ! de lui sourire grand... Très grand!
J’aimerais arriver à dire « Je suis », juste ça… Sans rien ajouter.
Mais je ne Suis pas toujours. La plupart du temps, j’ai l’impression de ne pas Etre.
Shakespeare avait raison : là est la question !
N’est-ce pas suffisamment compliqué d’Etre ?
Comment fait-on pour Etre ? Vivre ? J’en meurs d’essayer…
Mais il ne suffit pas de dire je Suis, il faut en plus répondre aux questions « qui je suis, pourquoi je suis, pour qui ? ».
A ce stade de ma vie, j’oscille entre ces deux réponses: « je n’en sais rien du tout » ou « je ne suis rien ni personne ».
La question la plus embarrassante est sans doute : « pourquoi je suis ? » sous-entendu : qu’est ce que je fais là ? Que dois-je accomplir pour mériter ma place ? Pour prétendre une quelconque reconnaissance… De qui ?
La plupart du temps on confond les questions « qui suis-je » et « que fais-je »… Comme si pour Etre il fallait obligatoirement Faire ! Et ça n’est pas le tout de Faire, encore faut-il que ce Faire soit utile, utile à quelqu’un, à quelque chose… Sans quoi je ne suis personne.
Mais peut-être que si je me suis incarnée là, ici et maintenant c’est que je Suis. Il faudrait alors avoir la sagesse de s’en contenter. Peut-être…
J’aimerais arriver à dire « Je suis ».
Ce matin je me suis étranglée…
Je me suis étranglée. Moi. Toute seule.
Y avait personne d’autre.
Ou alors des mains invisibles. Je sais pas qui.
Ma gorge s’est rétrécie,
Rétrécie et desséchée jusqu’à l’étouffement.
Les mots ont buté là, ne pouvant sortir,
Ils sont retournés là d’où ils venaient…
A la cave.
Dommage, j’aurais bien aimé qu’ils partent ces mots-là.
Mais s’ils étaient sortis je les aurais entendus,
Et ils m’auraient fracassés les tympans !
C’est sûrement ça qu’on appelle silence assourdissant !
Les mots qui ont germés dans le silence sont pour moi
Toujours les pires des pires.
De pire en pire…
Si un jour plane un mystère autour de ma mort,
Faudra se souvenir que c’est le silence qui m’a tuée.
… mes mots couchés là sur ce blog n’étaient que du virtuel ?
Mon écriture en serait donc réduite à n’être que virtuelle. Inconsistante.
Pourtant pour moi, mon écriture c'est moi, j'écris comme je respire...
Ainsi donc mes sculptures ne seraient qu’objets ?
Peut-être... Modeler de l'argile pour moi n'est qu'un passe-temps agréable, un mode d'expression certes mais pas vital, contrairement à écrire.
"Mes" contes, ne seraient que des phrases jetées au vent?
C'est possible. Je me pose de plus en plus souvent la question.
L’œuvre d’un artiste, libre expression de l'humain ne serait pas le prolongement de lui-même mais bel et bien une chose ?
Un CD ? Un morceau de plastique gravé.
Une peinture ? Un bout de toile colorée.
Un livre ? Un assemblage de feuilles noircies.
Un film? des images jetées sur un écran blanc.
Eternelle inutilité. Insignifiance.
Qu'est ce que tu fais dans la vie?
Rien.
C'est qui Toi?
Personne.