Réflexion personnelle
s’appuyant sur une conférence de Jacques Salomé
Elle est jolie la tendresse, elle est douce et elle fait beaucoup de bien mais je trouve que c’est parfois dur de la saisir, de l’accueillir, de s’abandonner à elle.
La tendresse c’est un peu la petite sœur de l’amour mais elle est timide et fragile, elle a souvent peur, il faut l’apprivoiser.
On a souvent tendance à penser que la tendresse c’est ce qu'il reste de l’amour quand le temps est passé par dessus. On l’évoque, par exemple, en regardant un couple de personnes âgées assis cote à cote sur un banc.
Pour moi la tendresse, c’est l’amour sans le désir sexuel. C’est le regard, le geste qui vient du cœur, gratuit et spontané … Vers toi mon enfant, mon parent, mon ami, mon frère ou mon animal.
Mais dans une société où le toucher est banni, la tendresse est malmenée, elle est censurée. Elle est refoulée et du coup, risque de s'enkyster. C’est cette mère qui n’ose plus se coller contre son fils adolescent au relief changeant… C’est ce père qui va avoir peur de sentir les seins de sa fille contre son buste. Tous ces freins que nous nous mettons par peur d'éveiller un désir engendrent des manques et c’est difficile. C’est difficile aussi parce que la tendresse, nos parents nous l’on rarement apprise. C’est difficile parce qu’elle ne fait partie d’aucun programme scolaire, elle n’aurait pas sa place au coté de Pythagore et Thalès car comme chacun sait Pythagore et Thalès nous sont indispensables dans notre vie quotidienne et affective. A quand la rue de la Tendresse? le square de l’amour ou le boulevard du respect de soi ? (y a celui de la Liberté c’est déjà pas mal) !
Je crois, encore une fois, que la tendresse ne s’apprivoise qu’avec des mots. Moi j’ai osé dire : « ça me fait bizarre ma fille de sentir tes seins contre les miens quand je te serre, il va falloir que je m’habitue », « tu sais mon fils, je ne vais plus pouvoir te masser tout nu parce que ça me gêne »… Si ces mots ne peuvent être dits, ils risquent de creuser des fossés d’incompréhension, des manques d’amour qui seront peut-être en fait des manques de tendresse. Parce que oui on a le droit, mon enfant, de se coller l’un contre l’autre dans le lit pour faire un câlin parce que depuis toujours les limites ont été posées, l’interdit de l’inceste a été verbalisé. Parce que moi, mes enfants, j’ai pas envie de vous faire juste un petit bisou en guise de bonne nuit, c’est pour ça qu’on a inventé nos codes de tendresses, nos « bisous-trains » qui nous permettait de quantifier nos besoins de câlin en fonction de la destination énoncée : qu’est-ce qu’on a voyagé ! Et on voyage encore !!!
Moi j’ai manqué de tendresse et j’en manque encore. J’en ai encore pris conscience l’autre jour dans le tramway en voyant une jeune maman tenir son nourrisson contre son sein, j’ai eu envie de lui demander de me le prêter, c’est dire...
J’ai du mal à exprimer mon besoin de tendresse, par peur de quémander, par peur d’être mal comprise ou rejetée. Mais je vais veiller à tenter de l’exprimer au mieux, je vais tenter de soigner mes peurs pour la laisser émerger. Oui je vais tenter… parce que plus que jamais, j’en ai besoin et j’ai envie de la réhabiliter.