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Dans le fond je me suis couchée. Tout au fond du trou. Nu. Dans la terre fraiche. Moi aussi j’étais nue. Je me suis couchée en boule, comme une graine. J’ai attendu. Longtemps. J’ai attendu la pluie. Je la voulais fine et tiède comme une d’été. Je me demandais par où j’allais germer. Par le dos peut-être, oui par le dos je voulais, par le petit trou de mon dos. Je l’ai pensé très fort. Et puis j’ai dormi peut-être. Oui sans doute j’ai dormi puisque j’ai rêvé de l’arbre, celui qui jaillit de la vieille souche au son du djembé, là c’était moi la vieille souche-graine. Je l’ai vu grimper, je l’ai senti surtout, oui je l’ai senti, j’ai d’abord senti que ça chatouillait sous ma peau, là dans le bas du dos et moi je me disais chut, ne te réveille pas, tu es en train de pousser : c’est la germination percutante. Ecoute, écoute le vieil arbre qui te parle. J’ai tout écouté, j’ai tout entendu et promis, j’ai rien réfléchi. Et j’ai enfanté un arbre, pas n’importe lequel : un baobab bien sûr ! Oui par le dos j’ai enfanté, par là où ça a trop crié, aujourd’hui ça a germé. J’ai bien fait de faire la graine, c’était une bonne idée.
